German Centre for Integrative Biodiversity Research (iDiv)
Halle-Jena-Leipzig
 
08.10.2021 | Français

Étude de l'activité de la faune de la litière : Un petit monde à découvrir

Illustration 1 : Le réseau alimentaire de la litière. L'abondance et la diversité de la faune du sol sont cruciales pour la santé du sol. Les flèches noires indiquent « qui mange qui ». Les organismes peuvent être classifiés ainsi : (1) les décomposeurs primaires qui se nourrissent directement de la litière, (2) les décomposeurs secondaires qui se nourrissent des décomposeurs primaires, (3) les petits prédateurs qui se nourrissent des décomposeurs primaires et secondaires, et (4) les grands prédateurs qui se nourrissent des petits prédateurs et des grands décomposeurs. Les flèches oranges indiquent le processus de décomposition par lequel la matière morte est transformée en nourriture dont les plantes s'alimentent. La lumière du soleil, les précipitations et une bonne circulation d'air sont également nécessaires pour compléter le processus de décomposition des feuilles mortes (flèche marron).

Illustration 2 : Notre système expérimental. (A) Nous avons mené notre étude dans 4 forêts de hêtres dans les Asturies, en Espagne. (B) Nous avons mis en place des mésocosmes partiellement enterrés dans le sol et couverts d’un écran en fibre de verre pour empêcher la fuite des arthropodes et d’un toit en plastique pour bloquer les précipitations. (C) Chaque mésocosme contenait des pièges « à fosse », ainsi que les nouveaux pièges en « cul-de-sac » et « à panier ». (D) Les pièges à fosse étaient enterrés dans le sol, tandis que les pièges en cul-de-sac et les pièges à panier étaient enfoncés dans la couche de litière. (E) Vue du dessus d'un mésocosme contenant 4 pièges à fosse, 2 pièges en cul-de-sac et 2 pièges à panier (les photographies et certains dessins sont issus de l'article original).

Illustration 3 : Quel type de piège est plus efficace pour mesurer l'activité de la faune de la litière ? Afin d'estimer l'abondance naturelle des arthropodes, nous avons collecté 5 échantillons de litière dans chaque mésocosme. Nous avons également collecté des pièges à fosse, des pièges en cul-de-sac et des pièges à panier pour estimer l'activité des arthropodes. Comparé aux nouveaux pièges, les pièges à fosse : (A) ont retenu deux fois plus d'eau que les deux autres pièges ; (B) ont capturé 20 à 33 % plus d'animaux par unité de temps, par exemple par heure, que les nouveaux pièges ; (C) ont capturé plus de macrofaune que de mésofaune ; et (D) ont capturé plus de prédateurs que de proies. Cela nous a montré que les nouveaux pièges sont plus efficaces pour mesurer l'activité des arthropodes du sol (les photographies et certains dessins sont issus de l'article original).

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Dolores Ruiz-Lupión *†1, María Pilar Gavín-Centol1 and Jordi Moya-Laraño1

1 Department of Functional and Evolutionary Ecology, Estación Experimental de Zonas Áridas, Consejo Superior de Investigaciones Científicas (EEZA-CSIC), Almería, Spain

Des centaines de milliers de petites créatures vivent dans les sols. Certaines mangent des plantes, des animaux vivants, ou les deux. D'autres, appelées les décomposeurs, consomment des plantes mortes et les déchets d'autres êtres vivants (leurs excréments et leurs cadavres), puis les transforment en nourriture pour les plantes. La santé des sols dépend en grande partie de la présence des décomposeurs et il est donc nécessaire d'étudier de quelle manière le changement climatique pourrait affecter ces créatures. Pour cela, nous avons construit de nouveaux types de pièges pour capturer les animaux du sol vivants. Nous les avons appelés pièges en cul-de-sac et pièges à panier. Dans cet article, nous montrons pourquoi ces pièges sont plus efficaces pour étudier l'activité animale (leurs mouvements dans le sol) que les pièges à fosse, les dispositifs les plus utilisés actuellement. En comparaison, nos pièges capturent plus d'animaux actifs et empêchent les prédateurs de tuer les animaux à l'intérieur, ce qui va améliorer la précision des études futures dans le monde entier.

POURQUOI LES ÊTRES VIVANTS SONT-ILS SI IMPORTANTS POUR LE SOL ?

Les sols sont des univers en grande partie inconnus, des systèmes complexes formés d'un mélange d'air, de minéraux, de composés organiques et d'organismes vivants qui sont en relation les uns avec les autres et avec l'environnement. Ces relations entre les êtres vivants sont appelées interactions. Elles ont notamment lieu lorsque les organismes communiquent, se nourrissent les uns des autres ou pollinisent les fleurs. Actuellement, nous ne savons pas combien d'espèces d'animaux, de champignons et de bactéries vivent dans les quatre premiers mètres du sol (Figure 1, profil du sol), mais nous savons que les sols contiennent la plus grande biodiversité sur Terre, avec environ 1,5 million d'espèces décrites sur un total estimé de 2 milliards d'espèces. Parmi cette immense biodiversité, la faune du sol remplit un grand nombre de fonctions importantes, nécessaires à la fois à la santé du sol et au bien-être humain [1]. L'une de ces fonctions est, par exemple, la décomposition des animaux morts et des plantes mortes, un processus au cours duquel la matière morte est transformée en nourriture dont les plantes s'alimentent (Figure 1, flèches oranges). Sans les animaux décomposeurs, les sols en bonne santé disparaîtraient et cela aurait des répercussions sur la faune et l'humanité. De plus, certains de ces animaux agissent comme des ingénieurs de l'écosystème en créant, en modifiant et en entretenant la structure du sol (comme les fourmis et les vers de terre lorsqu'ils creusent des trous). D'autres animaux qui vivent dans le sol sont les ennemis naturels des nuisibles et aident les agriculteurs à protéger leurs cultures. Par conséquent, un sol dans lequel la faune est plus abondante et sera plus bénéfique et c'est pourquoi ces organismes sont de bons indicateurs de la santé du sol. L’échantillonnage et l'analyse de ces créatures sont donc essentiels si nous voulons comprendre et préserver les sols et les fonctions qu'ils remplissent.

L'IMPORTANCE DES RÉSEAUX ALIMENTAIRES DE LA LITIÈRE

Environ 97 % des espèces de la faune du sol sont des invertébrés, des animaux sans squelette externe comme les nématodes, les enchytrées, les vers de terre, les limaces et les escargots. Nous aimons particulièrement étudier un type d'invertébré qui vit souvent dans la couche de litière et qui possède un squelette externe, un corps segmenté et des paires d'appendices avec des articulations : les arthropodes. Ces animaux peuvent être de taille très variable, de très petits à plus grands qu'une main. Les arthropodes du sol sont regroupés en deux catégories de taille : la mésofaune (de 0,2 à 2,0 mm) - par exemple les acariens et les collemboles, et la macrofaune (supérieure à 2,0 mm) - par exemple les araignées, les scarabées, les centipèdes et les millipèdes (Figure 1, encadrés gris). Tous ces animaux évoluent autour de ce que nous appelons des réseaux alimentaires, dans lesquels a lieu la relation prédateur-proie, gouvernée par la règle « les gros poissons mangent les petits » : les plus grandes espèces sont les prédateurs (ils tuent et se nourrissent) de plusieurs espèces plus petites, tandis que les petites espèces se nourrissent d'espèces encore plus petites ou de la progéniture de plus grandes espèces (Figure 1, flèches noires). Cette interdépendance entre espèces signifie que les réseaux alimentaires sont des systèmes fragiles, dans lesquels l'extinction d'une espèce peut entraîner l'extinction d'autres espèces, causant l'effondrement du réseau alimentaire entier comme un « château de cartes » (Vidéo 1: Une vidéo illustrant un réseau alimentaire qui s'effondre comme un « château de cartes »). Par conséquent, l'étude des réseaux alimentaires fonctionnels est cruciale pour le suivi de la santé du sol.

UTILISATION DES PIÈGES POUR MESURER L’ACTIVITÉ DES ARTHROPODES DE LA LITIÈRE

Les animaux du sol ne cherchent pas tous de la nourriture au même moment ni pendant la même durée et cela détermine quels animaux se rencontrent et interagissent entre eux dans le sol. Par conséquent, les interactions prédateur-proie dans les réseaux alimentaires pourraient être influencées par les habitudes d'activité (par exemple diurnes ou nocturnes) des différents animaux. Notre objectif principal est d'étudier l'activité des arthropodes de la litière en utilisant différents types de pièges. L'utilisation de pièges pour mesurer l'activité animale peut être une approche appropriée pour surveiller le fonctionnement et la santé des sols. Toutefois, on ne sait toujours pas si les captures dans les pièges sont une estimation de l'activité, de l'abondance ou un mélange des deux [3]. En effet, les pièges situés dans un endroit avec plus d'arthropodes en captureront un plus grand nombre s'ils sont plus abondants, mais également s'ils se déplacent plus longtemps (parce qu'ils sont plus actifs). Depuis le début des années 1900, l'utilisation des pièges à fosse est la méthode la plus courante pour collecter la faune du sol et mesurer l'abondance et/ou la diversité des arthropodes du sol. Ces pièges sont constitués de gobelets enterrés dans le sol. La faune qui rampe dans la litière y tombe. Les gobelets sont en général partiellement remplis d'un liquide servant à tuer et à conserver les organismes capturés. Il existe d'autres méthodes que les pièges à fosse pour échantillonner l'abondance et/ou la diversité des arthropodes du sol [4]. Dans notre étude, nous avons voulu examiner l'activité, et pas seulement l’abondance, des arthropodes du sol. Par conséquent, nous avons utilisé des pièges à fosse sans liquide de conservation, ce qui a permis de collecter des spécimens vivants que nous avons ensuite pu relâcher dans la litière.

Cependant, les pièges à fosse présentent beaucoup d'inconvénients. Par exemple, les animaux qui sont trop petits ou trop grands n'y tombent pas, soit parce qu'ils sont plus longs que l'entrée du piège, soit parce qu'ils sont si petits qu'ils détectent le rebord du piège et s'en éloignent. Certains animaux peuvent même marcher sur les parois des pièges sans y tomber. Cela signifie que les pièges à fosse ne nous donnent pas toujours de bonnes estimations de l’ensemble de la communauté de la litière. Leur utilisation pourrait donc mener à des conclusions inexactes à propos des interactions prédateur-proie. Nous avons donc développé deux nouveaux dispositifs de capture pour améliorer le suivi de l'activité animale : des petits sacs en tissu maillé en forme de chaussette, nommés pièges en « cul-de-sac », et des paniers carrés en fil de fer, semblables à des boites à trous sans couvercle, nommés pièges à « panier » [5]. Ainsi, la transition entre le rebord du piège et la litière environnante est moins perceptible pour les animaux du sol qu'avec les pièges à fosse.

DISTINCTION ENTRE L’ACTIVITÉ ET L'ABONDANCE

Notre objectif principal était de déterminer quels pièges étaient les plus efficaces pour suivre l'activité des animaux, en distinguant l'abondance (combien d'animaux sont présents) de l'activité (dans quelle mesure ils se déplacent). Nous utilisons des pièges pour estimer l'activité, c'est-à-dire que le nombre d'animaux qui tombent dans un piège alors qu'il est placé sur le terrain devrait représenter l'intensité de leurs déplacements. Cependant, les choses ne sont pas si simples. Par exemple, le nombre d'animaux capturés directement dans la litière est une estimation de leur abondance, c'est-à-dire de la quantité d'animaux présents quel que soit le moment. L'abondance n'est donc pas affectée, par exemple, par les conditions météorologiques du jour où nous conduisons l'expérience de capture des animaux, contrairement à l'activité. Et c'est là que ça se complique : l'abondance des animaux influe sur le nombre d'animaux capturés dans les pièges, quelle que soit leur activité. Par conséquent, pour faire la différence entre l'activité et l'abondance, nous avons dû compter et classifier les arthropodes dans les pièges (activité) et dans la litière à l'extérieur des pièges (abondance). Cette distinction est très importante, car on ne peut pas mesurer l'activité des arthropodes du sol sans connaître l'abondance. Imaginez un endroit dans le sol habité par 2 individus d'une espèce (Esp1) de scarabées très actifs qui se déplacent beaucoup, et par 20 scarabées d'une espèce très abondante mais sédentaire (Esp2), c'est-à-dire qu'ils bougent peu. Si nos pièges collectaient 2 scarabées de chaque espèce à cet endroit, nous pourrions conclure que l'activité des deux espèces est la même. Cependant, en réalité, les 2 individus de la première espèce (Esp1) auraient été capturés en raison de leur grande activité, alors que les deux autres (Esp2) auraient été capturés car leur espèce est beaucoup plus abondante. Bien que les scarabées de l'espèce Esp2 bougent beaucoup moins, ils sont présents en grand nombre : c'est donc pour cela que deux scarabées sont capturés dans les pièges. Pour corriger ces différences et mesurer précisément l'activité, les chercheurs utilisent une mesure de l'abondance indépendante.

MISE EN PLACE DE NOTRE EXPÉRIENCE EN MÉSOCOSME

Au printemps 2013, nous avons mené une expérience dans 4 forêts de hêtres (Fagus sylvatica L.) des monts Cantabriques en Espagne (Figure 2A). Les hêtres perdent une assez grande quantité de feuilles en automne, ce qui forme une litière dont l'épaisseur dépasse souvent les 10 cm et qui abrite un grand nombre d'arthropodes [6]. Travailler sur des sols avec de la litière offre un grand avantage : la plupart du temps, les animaux vivent et sont actifs dans les couches superficielles du sol, alors que dans les sols d'autres écosystèmes terrestres la faune est surtout active dans les couches plus profondes, dans lesquelles il est difficile de capturer des animaux vivants.

Tous les pièges utilisés dans l'étude ont été préparés à la main. Les pièges à fosse (Figure 2C, à gauche) étaient constitués d'un goblet en plastique dont la base est découpée avec un tissu attaché au fond afin d'empêcher les petits animaux de s'échapper tout en permettant à l'eau de s'écouler. Ce tissu était très fin, avec une maille d'environ 200 µm. De plus, un couvercle carré en bois a été placé sur chacun des pièges à fosse de la litière, afin de limiter l'entrée des rayons de soleil et de reproduire les conditions d'obscurité de la litière. Les pièges en cul-de-sac (Figure 2C, au centre) ont été consolidés en cousant un fil métallique de forme ovale autour de la bouche du piège. Le tissu de ces sacs était le même que celui utilisé pour les pièges à fosse. Les pièges à panier  (Figure 2C, à droite) étaient constitués de paniers grillagés de 20×20×7 cm avec une maille de 1×1 cm. Une fois tous les pièges construits, nous avons enterré dans la litière plusieurs enclos métalliques en forme de carré, appelés mésocosmes (Figure 2B). Nous avons ensuite ramassé de la litière aux alentours de chaque mésocosme, retiré toute la faune de cette litière au laboratoire, rempli tous les pièges avec cette litière dépourvue de faune et enfin placé tous les pièges sur le terrain. Nous avons enfoncé les pièges en cul-de-sac et les pièges à panier dans la couche de litière à l'intérieur des mésocosmes et nous avons enterré les pièges à fosse dans le sol du mésocosme (Figure 2D). Au total, 4 mésocosmes ont été placés dans chaque forêt, chacun comportant 4 pièges à fosse, 2 pièges en cul-de-sac et 2 pièges à panier (Figure 2E). Afin de commencer nos observations avec des conditions d'humidité similaires dans les pièges et la litière environnante, nous avons placé des toits sur les mésocosmes pour bloquer la pluie 15 jours avant l’expérience. Cette procédure a permis d'obtenir des conditions d'humidité uniformes dans les mésocosmes et de s’assurer que les animaux ne se déplacent pas pour chercher ou pour éviter l'humidité.

Après avoir collecté les échantillons des pièges et de la litière autour des pièges, nous avons procédé en cinq étapes au laboratoire : (1) nous avons pesé la litière de chaque échantillon (poids humide) ; (2) nous avons retiré et compté les arthropodes ; (3) à l'aide d'un microscope à dissection, nous avons classé les arthropodes selon leur taille (macrofaune ou mésofaune),  leur régime alimentaire (prédateurs ou proies) et leur groupe principal (acariens, collemboles, araignées, centipèdes, mille-pattes ou coléoptères) ; (4) nous avons séché la litière de chaque piège et l'avons pesée à nouveau (poids sec) ; et (5) nous avons calculé la teneur en eau de chaque piège à partir de la différence entre le poids de litière humide et de la litière sèche. Nous avons utilisé des outils statistiques afin de tirer des conclusions à partir des données numériques que nous avons obtenues sur le terrain. Ces outils nous ont permis d'inclure une correction pour l'abondance (voir la section ci-dessus) et de nous assurer que nous testions les différences d'activité et non d'abondance [7]. En résumé, nous avons testé l'activité de chaque groupe et si certains types de pièges capturaient certains groupes plus que d'autres. Par exemple, nous avons comparé les captures de grands animaux (macrofaune) et de petits animaux (mésofaune), ainsi que celles des prédateurs et des proies. Grâce à cette série de comparaisons, nous avons pu évaluer quel type de piège est le plus efficace pour étudier l'activité des arthropodes.

QUEL TYPE DE PIÈGE EST LE PLUS EFFICACE POUR MESURER L'ACTIVITÉ ?

Lors de notre expérience, nous avons constaté que les pièges en cul-de-sac et les pièges à panier étaient plus efficaces que les pièges à fosse. Premièrement, les pièges à fosse ont retenu presque deux fois plus d'eau que les pièges en cul-de-sac et les pièges à panier, ce qui a pu attirer certains animaux et en repousser d'autres. De plus, la litière dans ces nouveaux pièges avait une teneur en eau similaire à celle de la litière environnante à l'extérieur des pièges (Figure 3A). Deuxièmement, les pièges en cul-de-sac et les pièges à panier ont capturé environ 3 à 5 fois plus d'animaux par unité de temps, par exemple par heure, que les pièges à fosse. Ces derniers ont donc sous-estimé l'activité de la faune de la litière (Figure 3B). Troisièmement, les pièges à fosse ont capturé plus de macrofaune que de mésofaune et plus de prédateurs que de proies. Cela signifie que les prédateurs tombés dans les pièges à fosse ont pu manger une partie de la petite faune avant la collecte des pièges (Figures 3C, D). Par conséquent, nous avons conclu que les pièges en cul-de-sac et les pièges à panier fonctionnaient beaucoup mieux que les pièges à fosse.

POURQUOI CES NOUVEAUX PIÈGES SONT-ILS IMPORTANTS ?

Nos nouveaux pièges en cul-de-sac et à panier sont des outils prometteurs pour les écologistes du sol, car ils sont beaucoup plus efficaces que les pièges à fosse, qui ont été largement utilisés au cours du siècle dernier pour évaluer les abondances. Ces nouveaux pièges aideront les scientifiques à estimer plus précisément l'activité des arthropodes du sol, ce qui améliorera notre connaissance des écosystèmes terrestres à litière. De plus, ce sont des dispositifs peu coûteux que l'on peut facilement construire soi-même (avec du tissu, des fils de fer et des grillages en plastique et/ou en métal de différentes tailles, de la colle et de la litière). Ils permettent d'en apprendre davantage sur les animaux du sol et, par conséquent, la santé des écosystèmes. Ces nouveaux pièges capturent les animaux plus efficacement, minimisent la prédation sur les petits animaux et n'attirent/ne repoussent pas les animaux à cause des différences d'humidité entre le piège et la litière environnante. De plus, ces pièges peuvent être utilisés non seulement sur les sols avec une couche profonde de litière (comme les forêts et les jungles), mais aussi sur tout écosystème présentant une couche de litière bien définie, notamment sous les arbustes dans les broussailles et les savanes. Ce travail est également très important pour nous permettre de comprendre comment le changement climatique peut avoir des effets négatifs sur les réseaux alimentaires (les interactions alimentaires entre les espèces) et sur les fonctions importantes et les bénéfices des écosystèmes du sol. Nous y travaillons déjà, en utilisant des outils comme ces nouveaux pièges et en faisant des expériences de terrain dans lesquelles nous modifions des paramètres comme la pluie ou encore les prédateurs. Il faut donc saisir cette occasion et apprendre à connaitre cette merveilleuse faune du sol qui est si bien cachée. En effet, nous devons étudier et préserver les sols et la vie qu'ils abritent, car ils nous protègent tous et sont notre patrimoine commun.

GLOSSAIRE

LITIÈRE
La couche supérieure (de 1 cm à 1 m de profondeur) du sol des écosystèmes terrestres constituée de feuilles mortes, comme les forêts et les zones arbustives. Elle fournit un habitat et de la nourriture à une grande diversité d’organismes.

RÉSEAU ALIMENTAIRE
Un réseau naturel de connexions (interactions) entre les organismes qui se nourrissent les uns des autres.

ACTIVITÉ
La quantité de mouvements des animaux par unité de temps (minutes, heures, etc.).

FAUNE DU SOL
L'ensemble des animaux qui vivent dans ou sur le sol (les collemboles, les acariens, les araignées, les centipèdes, les vers de terre, etc.). Ils sont différents du microbiote du sol (les bactéries et les champignons), également important pour le fonctionnement du sol.

MÉSOCOSME
Un dispositif, habituellement placé à l'extérieur, qui renferme une partie d'un écosystème et qui permet aux scientifiques de contrôler des paramètres, comme les précipitations, de façon plus réaliste que lors des expériences réalisées en laboratoire.

 

REMERCIEMENTS

Nous tenons à remercier J. Pascual, N. Melguizo-Ruiz et O. Verdeny-Vilalta, co-auteurs de l'article scientifique original ; E. de Mas, J. Pato et G. Jiménez, qui ont participé à l'échantillonnage sur le terrain ; et E. de Mas pour les photographies. Nous remercions également l'Unité de recherche en biodiversité (UMIB, UO/CSIC/PA) de Mieres (Asturies) pour son assistance logistique. Ce travail a été réalisé sous le permis 2011/059163 du gouvernement des Asturies et financé par les subventions CGL2010-18602 et CGL2015-66192-R du Ministère de l'économie et de la compétitivité d'Espagne (fonds européen FEDER), 020/2008 de l'Organisme autonome des parcs nationaux d'Espagne et P12-RNM-1521 de la Junta de Andalucía (fonds européen FEDER). DR-L a bénéficié d'une bourse FPU (FPU13/04933) du Ministère espagnol de l'éducation, de la culture et des sports.

ARTICLE ORIGINAL

Ruiz-Lupión, D., Pascual, J.,Melguizo-Ruiz, N., Verdeny-Vilalta,O., and Moya-Laraño, J. 2019. New litter trap devices outperform pitfall traps for studying arthropod activity. Insects. 10:147. doi: 10.3390/insects10050147

RÉFÉRENCES

  1. Briones, M. J. I. 2018. The serendipitous value of soil fauna in ecosystem functioning: the unexplained explained. Front. Environ. Sci. 6:149. doi: 10.3389/fenvs.2018.00149
  2. Brackin, R., Schmidt, S., Walter, D., Bhuiyan, S., Buckley, S., and Anderson, J. 2017. Soil biological health - what is it and how can we improve it? Proc. Aust. Soc. Sugar Cane Technol. 39:141–54.
  3. Lang, A. 2000. The pitfalls of pitfalls: a comparison of pitfall trap catches and absolute density estimates of epigeal invertebrate predators in Arable Land. J. Pest Sci. 73:99–106. doi: 10.1007/BF02956438
  4. McCravy, K. W. 2018. A review of sampling and monitoring methods for beneficial arthropods in agroecosystems. Insects 9:170. doi: 10.3390/insects9040170
  5. Ruiz-Lupión, D., Pascual, J., Melguizo-Ruiz, N., Verdeny-Vilalta, O., and Moya-Laraño, J. 2019. New litter trap devices outperform pitfall traps for studying arthropod activity. Insects 10:147. doi: 10.3390/insects10050147
  6. Melguizo-Ruiz, N., Jiménez-Navarro, G., De Mas, E., Pato, J., Scheu, S., Austin, A. T., et al. 2020. Field exclusion of large soil predators impacts lower trophic levels and decreases leaf-litter decomposition in dry forests. J. Anim. Ecol. 89:334–46. doi: 10.1111/1365-2656.13101
  7. Shultz, B. J., Lensing, J. R., and Wise, D. H. 2006. E????ects of altered precipitation and wolf spiders on the density and activity of forest-floor Collembola. Pedobiologia 50:43–50. doi: 10.1016/j.pedobi.2005.10.001

 

ÉDITION PAR: Helen Phillips, Saint Mary’s University, Canada

CITATION: Ruiz-Lupión D, Gavín-Centol MP and Moya-Laraño J (2021) Studying the Activity of Leaf-Litter Fauna: A Small World to Discover. Front. Young Minds 9:552700. doi: 10.3389/frym.2021.552700

CONFLIT D'INTÉRÊTS: The authors declare that the research was conducted in the absence of any commercial or financial relationships that could be construed as a potential conflict of interest.

COPYRIGHT © 2021 Ruiz-Lupión, Gavín-Centol and Moya-Laraño. This is an open-access article distributed under the terms of the Creative Commons Attribution License (CC BY). The use, distribution or reproduction in other forums is permitted, provided the original author(s) and the copyright owner(s) are credited and that the original publication in this journal is cited, in accordance with accepted academic practice. No use, distribution or reproduction is permitted which does not comply with these terms.

 

JEUNE CRITIQUE

SASYAK, ÂGE : 12 ans
Sasyak est un élève de 12 ans vivant en Inde. Lecteur passionné de plusieurs genres de littéraires, il participe activement aux quiz et aux olympiades et est champion d'orthographe. Il suit des cours de football et aime faire du vélo.

AUTEURS

DOLORES RUIZ-LUPIÓN
J'ai débuté ma carrière universitaire avec deux licences, l'une en sciences marines et l'autre en sciences de l'environnement, puis j’ai obtenu un master en évaluation du changement global. Par la suite, j'ai obtenu mon doctorat en Écologie évolutive à la Station expérimentale des zones arides, Conseil supérieur de recherches scientifiques (EEZA-CSIC). Je m'intéresse à l'étude des réseaux alimentaires terrestres et aquatiques en réalisant des expériences sur le terrain et au laboratoire, ainsi qu'à des approches théoriques utilisant des modèles mathématiques et des simulations informatiques. J’aime beaucoup l'illustration scientifique et je conçois des images pour d'autres chercheurs. *loli.ruiz@eeza.csic.es ; loli.ruizlupion@gmail.com †Dolores Ruiz-Lupión, Laboratoire des zones arides et du changement global, Départment d'écologie, Institut multidisciplinaire pour l'étude de l'environnement « Ramón Margalef » (IMEM), Université d'Alicante (UA), Espagne

MARÍA PILAR GAVÍN-CENTOL
Je prépare mon doctorat à la Station expérimentale des zones arides, Conseil supérieur de recherches scientifiques (EEZA-CSIC). Depuis l’enfance, je suis fascinée par les animaux, mais encore plus depuis que j'ai appris que les nématodes (de minuscules animaux en forme de ver) peuvent se « réveiller » après avoir passé environ 40 000 ans dans la glace ! C'est pour cela qu'après mes études en biologie, un master et deux stages, j'ai commencé à étudier les mécanismes par lesquels ces animaux et d'autres animaux du sol sont affectés par l'augmentation des sécheresses et comment leur inactivité due à la sécheresse affecte le fonctionnement des écosystèmes, tant dans les écosystèmes naturels que dans les écosystèmes modifiés par l'homme.

JORDI MOYA-LARAÑO
Je collecte et j’observe les insectes dans la nature depuis mon enfance. Je suis passionné par la nature sauvage et je me considère comme un naturaliste. Par conséquent, j'adore également mon métier d'écologiste évolutive. Au sein de notre groupe, nous menons des expériences sur le terrain et en laboratoire pour comprendre le rôle de l'eau dans les réseaux alimentaires du sol. Nous effectuons également des simulations informatiques qui recréent à la fois l'écologie et l'évolution dans les réseaux alimentaires. Mon rêve est de parvenir à des scénarios de simulation réalistes qui correspondent à nos expériences sur le terrain.

TRADUCTRICES

AICHA ABOUKHAIT

INGRID PATETTA

FUNDING (TRANSLATION)

The team Translating Soil Biodiversity acknowledges support of the German Centre for integrative Biodiversity Research (iDiv) Halle-Jena-Leipzig funded by the German Research Foundation (DFG FZT 118, 202548816).

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